Transforming
Spaces

Le télétravail est devenu monnaie courante dans notre vie quotidienne. Pour se rendre compte de la façon dont la lumière du jour peut transformer un espace (de travail) et améliorer la créativité et la productivité, la marque d'aménagement de l'habitat VELUX a lancé son programme de résidence d'artistes. VELUX a invité six artistes du monde entier à proposer leur vision à partir du thème Transforming Spaces. Cliquez sur « Explorer » pour découvrir toutes les œuvres ainsi que les interviews des artistes.

Les œuvres conceptuelles du duo créatif Maria Bodil vous emmèneront aux confins de la réalité

Le travail des deux jeunes femmes basées à Amsterdam explore comment une image minimaliste peut vous ouvrir un monde d’illusions optiques.

En jetant un rapide coup d’œil à leur travail, vous ne capterez peut-être pas tout de suite de quoi il s’agit. Cependant, en y regardant de plus près, vous découvrirez dans les images du duo un jeu complexe de formes et de lumière. L’approche intelligente de Marthe Bodil Vos et Lieve Maria Eek n’est pas passée inaperçue. Bien qu’elles n’aient commencé qu’assez récemment à travailler en tandem sous le nom de Maria Bodil, elles ont déjà fait l’objet de multiples publications et produit pas mal d’images pour Iris van Herpen et Claes Iversen, de célèbres créateurs de mode néerlandais. 

La marque d’aménagement et de rénovation VELUX a invité les deux artistes derrière Maria Bodil à participer à sa Résidence d’Artistes, leur donnant ainsi l’occasion de montrer ce qu’elles avaient dans le ventre en matière de manipulation d’espaces et des formes, le tout à l’aide des notions de lumière naturelle et de couleur. Dans le cadre de cette résidence, VELUX collabore tout au long de l’année avec différents artistes à travers le monde afin de découvrir leur vision de la lumière naturelle et des fenêtres de toit. Le thème de leur résidence étant « Transforming Spaces », soit la transformation des espaces, nous avons demandé à Marthe et Lieve ce que l’espace, la lumière du jour et les formes signifiaient pour elles.

En tant que duo créatif, comment décririez-vous votre style artistique ?

Lieve : On s’efforce toujours de prendre du recul ou d’ajouter une certaine dose de surréalisme. Dans cette optique, on joue souvent sur la frontière entre fiction et réalité et on crée des univers qui semblent n’avoir aucun sens. Ça donne généralement des images assez stylisées, mais qui portent en elles un certain degré de vulnérabilité.

Marthe : À côté de ça, on essaie aussi d’exprimer notre amour du design, de l’art et de l’architecture à travers ce médium relativement « plat » qu’est la photographie. Pour arriver à un produit final qui tend vers le tridimensionnel, notre travail fait appel à différentes disciplines. On bosse souvent avec de la 3D et on essaie de trouver de nouvelles façons de l’incorporer et de la mélanger à nos photos. Avec ce projet, on a conçu un espace en 3D qui a été imprimé en très grand format, pour ensuite être réutilisé comme toile de fond.

Vos pièces sont très conceptuelles. Que prenez-vous généralement comme point de départ ?

Marthe : On commence toujours avec un gros tas d’idées où on note tout ce qui nous passe par la tête. On en sort ensuite l’idée qui nous plait le plus.

Lieve : Parallèment, on se renseigne sur le sujet choisi, pour déterminer la signification qu’il a à nos yeux. Après on discute ensemble de nos découvertes afin de faire ressortir intuitivement ce qu’on aimerait en faire.

Comment en êtes-vous arrivées à créer ces images pour VELUX ?

Lieve : Pendant la résidence, on désirait explorer comment la lumière naturelle pouvait transformer un espace en créant une illusion d’optique. Les ombres qu’on voit imprimées sur la toile de fond semblent correctes, mais ne sont en fait pas du tout réalistes lorsqu’on y regarde de plus près. Par exemple, on a placé de la lumière du jour à des endroits où il n’y a pas de fenêtre. Ça donne lieu à un jeu d’ombres et de lumières très particulier, un peu sphérique. 

Marthe : Parce que l’impression est bidimensionnelle, ça ressemble à une peinture. La toile fait référence à Edward Hopper, qui a également beaucoup travaillé avec la lumière et les fenêtres. À partir de cette inspiration, on a créé une version moderne de sa vision.

Que vous inspirent ces images ?

Marthe : Notre idée initiale était qu’une toile de fond bidimensionnelle agrandirait optiquement un espace tridimensionnel. Et bien sûr on y voit la femme, le modèle, qui nous donne l’impression qu’on est en train de regarder dans sa maison. Elle raconte cette histoire. Lorsqu’on regarde par-dessus son épaule, on a presque l’impression de regarder à travers une autre fenêtre, comme une couche supplémentaire. Au final, on a pris trois photos. Chacune représente une étape différente de sa journée et montre comment la lumière naturelle qui entre par la fenêtre VELUX réagit différemment à l’environnement.

Un thème récurrent dans votre travail est l’utilisation de formes pures, mais innovantes. Comment l’avez-vous abordé au cours de cette résidence ?

Lieve : Un concept qui se retrouve dans tous nos projets — quel que soit le styliste ou le concepteur 3D avec lequel nous travaillons — c’est le « dépouillage ». On élague le superflu jusqu’à obtenir la forme la plus minimale. Tout doit être réduit et de plus en plus serré. Ce style graphique est très caractéristique de notre travail, mais ne doit pas pour autant lui faire perdre son côté humain. C’est un peu notre challenge.

Marthe : Et il y a toujours une sorte de côté mystérieux, quelque chose d’intangible.

Dans quelle mesure tenez-vous compte de l’espace ou de l’agencement final de l’exposition pendant votre processus créatif ?

Marthe : Je pense qu’on a de plus en plus tendance à le faire. On appartient toutes les deux à cette culture où les artistes créent des trucs spécifiquement pour Instagram. Ici on a plutôt essayé de transformer nos images en tableaux. C’était un peu un questionnement personnel sur la façon dont on pouvait rendre une représentation plate davantage tridimensionnelle.

Lieve : Habituellement je pense surtout à l’image, au concept et à ce qu’elle raconte, mais le setting final dans laquelle elle peut être vue commence à gagner en importance à mes yeux. En même temps, on bosse beaucoup avec des illustrations en 3D. On pourrait imprimer ces objets numériques en 3D et les utiliser physiquement autour des photos dans un espace d’exposition. Ça pourrait être cool de laisser l’image et l’espace se fondre l’un dans l’autre, en incorporant des éléments de la photo dans l’espace en lui-même.

Cette résidence VELUX a-t-elle changé votre point de vue sur l’utilisation de la lumière naturelle ?

Lieve : Je suis soudainement devenue très intéressée par tous les stores que je croise [rires].

Marthe : Oui ! C’est drôle, mais depuis ce projet, tous ces différents types de stores et leur luminosité me frappent. Comme on a incorporé plusieurs formes de lumière différentes dans cette série, c’était une leçon intéressante sur les possibilités que peut offrir la lumière. 

Lieve : On a aussi lu pas mal de choses sur le sujet, et on a beaucoup appris. Je sais maintenant que pour combattre les symptômes dépressifs, il faut une certaine quantité quotidienne de lumière du jour.

Avez-vous l’impression d’être plus productives dans un espace bénéficiant d’une bonne lumière naturelle ?

Marthe : On ne travaille ensemble que depuis un an et demi, mais heureusement on a immédiatement cherché un espace de travail. On disposait donc de notre propre studio pendant la pandémie. Comme il possède de très grandes fenêtres, on l’utilise même parfois comme studio photo.

Lieve : On venait d’être diplômées quand la pandémie a démarré. Comme aucune entreprise n’embauchait et que tout semblait sans espoir, on a décidé de louer un espace et de monter notre propre business. Le fait de disposer d’un si bel espace de travail a été super motivant.

Marthe : Dès que le soleil perce lors de ces longues journées grises, je me plante immédiatement devant la fenêtre pour absorber le plus de lumière possible [rires].

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Marthe : L’année dernière, on a un peu touché à tout. On a principalement fait des travaux de commande. J’aimerais maintenant me consacrer à des œuvres plus personnelles et plancher sur une future expo. Ça nous permettrait aussi d’utiliser davantage d’objets physiques en 3D. Sur Internet, tout apparait et disparait si vite.

Lieve : Oui, on aimerait être tridimensionnelles dans la façon dont on présente notre travail au public, au lieu de tout mettre sur le net. Maintenant qu’on a quitté cette phase de lancement, j’aimerais me plonger plus profondément dans certains projets de plus longue haleine.