Transforming
Spaces

Le télétravail est devenu monnaie courante dans notre vie quotidienne. Pour se rendre compte de la façon dont la lumière du jour peut transformer un espace (de travail) et améliorer la créativité et la productivité, la marque d'aménagement de l'habitat VELUX a lancé son programme de résidence d'artistes. VELUX a invité six artistes du monde entier à proposer leur vision à partir du thème Transforming Spaces. Cliquez sur « Explorer » pour découvrir toutes les œuvres ainsi que les interviews des artistes.

Mettre l’Air sous cadre avec Martine Poppe

À travers ses peintures et sculptures, l’artiste norvégienne Martine Poppe s’attache à rendre visible notre impact sur l’environnement.

Les œuvres de la peintre et sculptrice norvégienne Martine Poppe tournent souvent autour d’éléments et de formes naturelles telles que les feuilles, les plantes et les nuages. En les utilisant, l’artiste souligne la fragilité de notre climat d’une manière pure et légère, ouverte à l’interprétation. Ses thèmes de prédilection étant l’air frais et la lumière naturelle, il était logique que la marque d’aménagement et de rénovation VELUX l’invite à prendre part à sa Résidence d’Artistes. Dans le cadre de cette résidence, VELUX collabore avec différents artistes afin de découvrir leur vision de la lumière naturelle et des fenêtres de toit, ainsi que la manière dont ces éléments peuvent transformer un espace. Au cours de la résidence, Martine Poppe a intégré la fenêtre de toit dans une œuvre qui montre à quel point il est important d’être sensible à l’environnement qui nous entoure.

Nous avons discuté avec elle de sa fascination pour les nuages, de l’évolution de son style artistique au cours de la pandémie et de l’importance de la lumière naturelle dans son travail.

Peux-tu nous expliquer comment l’œuvre que tu as créée pour VELUX a vu le jour ?

Quand on vit dans une grande ville, voir des paysages naturels par la fenêtre est très rare. Le fait de ne pas être exposé à la nature environnante est particulièrement frappant lorsqu’on travaille souvent de chez soi, ce qui a été la réalité de nombreuses personnes ces deux dernières années. Ça m’a fait réfléchir à la valeur des fenêtres. J’ai regardé la mienne et je me suis demandé ce qu’elle m’apportait au quotidien. Il m’est donc apparu logique de peindre ce que j’y voyais, et comme je peins souvent des nuages, c’était un perfect match

Une fenêtre est, physiquement parlant, un très bon cadre. Non seulement comme outil pour encadrer un tableau, mais aussi en tant que sculpture. J’ai utilisé la fenêtre de toit VELUX comme support pour exposer ma peinture et à côté de ça, j’ai essayé de ne pas laisser d’éléments inutilisés dans mon processus créatif. J’ai donc également produit deux sculptures : il s’agit des restes de toile que j’avais mis sur moi pour me protéger des taches, que j’ai ensuite froissés et pliés pour en faire des objets. Le profil environnemental de VELUX, qui est très positif, a eu beaucoup de poids dans ma décision de prendre part à cette résidence.

D’où te vient cette fascination pour les éléments naturels comme les nuages ?

Pendant la pandémie, il n’y avait pas grand-chose à faire. Je me suis beaucoup promenée dans la nature, mais j’ai surtout été assise dans mon studio. Je bossais et je regardais les nuages défiler par la fenêtre. Ça m’a fait réfléchir à mon environnement. Simultanément, j’ai découvert que je souffrais d’asthme et le grand air est alors devenu très important. D’une part pour éviter les contagions au COVID-19, mais aussi parce que j’ai pris conscience que j’avais besoin d’un air pur pour ne pas tousser tout le temps.

Du coup, ça m’a fait penser à la pollution et à l’environnementalisme, ce qui m’a amené à faire quelques recherches sur les nuages. Pour faire simple : si vous voulez apporter la notion d’air dans une peinture, représenter des nuages est le moyen le plus évident de le faire. Je me suis renseignée sur la formation des nuages et sur ce qui pourrait leur arriver dans le futur. J’ai lu sur internet qu’ils pourraient disparaître complètement ou se transformer en une sorte de couverture nuageuse infinie si la pollution restait à son niveau actuel.

Tu bosses aussi bien à Oslo qu’à Londres. Comment ton environnement affecte-t-il ta façon de travailler ?

Les grandes villes comme Londres, surtout avant la pandémie, génèrent un certain mode de vie et une façon de réagir à celui-ci. Ce mode de vie distant explique peut-être pourquoi le travail que j’ai réalisé et que je réalise encore est très pâle, comme s’il y avait un voile entre le spectateur et le contenu de l’image. Je n’applique rien sur la peinture pour obtenir ce résultat — c’est simplement la manière dont je mélange mes couleurs — mais j’ai l’impression que ça crée une sorte de barrière. Pour moi, ce voile représente le fait qu’à force de vivre dans une grande ville où il faut souvent faire attention, surtout en tant que femme, je suis devenue très protectrice de moi-même.

Le fait de retourner en Norvège pendant la pandémie a été très sain. Oslo est relativement peu peuplée par rapport aux autres grandes villes du monde, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai pensé que ce serait un bon endroit où me réfugier. D’une ville à l’autre, j’ai également remarqué que mon travail changeait. Il est devenu peu à peu plus coloré et ludique, alors qu’auparavant il était assez rigide. J’ai commencé à relâcher cette sorte de contrôle permanent sur mon art, comme si la toile se fissurait et que la couleur s’infiltrait enfin. Ça peut s’expliquer par le fait que si vous avez besoin d’avoir constamment les choses sous contrôle, les couleurs vives peuvent à première vue apparaitre très violentes, imposantes et fortes. Je ne suis toujours pas une artiste « de la couleur », mais pour moi, être capable de laisser entrer ces couleurs dans mon travail indique un plus grand degré d’ouverture et un moindre besoin de contrôle. 

À quoi ressemble ton espace de travail idéal, compte tenu de l’importance de la lumière naturelle, de l’air frais et de l’environnement ?

Si je pouvais concevoir mon studio de rêve, je commencerais certainement par un plafond en verre. J’ai toujours rêvé d’avoir un immense plafond vitré. Je le combinerais avec trois murs en béton et un mur lui aussi entièrement en verre. J’adorerais avoir encore plus de lumière, mais en tant que peintre j’ai quand même besoin d’espace sur les murs. Si je devais y vivre, j’aurais probablement autant de vitres que possible. Ma maison serait située au sommet d’une montagne, à la campagne, là où il n’y a personne. Mais ça ne me dérangerait pas non plus d’habiter au sommet d’un immeuble en pleine ville. Du moment qu’il y a beaucoup de fenêtres, pour que je puisse me promener chez moi et tout voir sans être vue.

Le manque de lumière naturelle et d’air frais affecte-t-il négativement ta créativité ou ta productivité ?

C’est clair, je ne pourrais jamais travailler dans un studio sans lumière naturelle. Je ne mélange mes couleurs que lorsqu’il y a encore suffisamment de lumière du jour. Mais finalement, ce besoin est peut-être encore plus lié à mon état psychologique. Je travaille beaucoup, du coup rester longtemps sans fenêtres serait comme être coincée dans une boîte, sans aucun contact avec le monde extérieur. Pour moi, ce n’est pas supportable. 

J’ai beaucoup de chance avec mon studio actuel. Celui d’Oslo est en plein centre-ville, juste à côté de la Gare Centrale, mais il est situé dans un jardin à l’abri des regards, caché entre des bâtiments très anciens. La vue que j’ai de mes fenêtres, c’est la façade d’un bâtiment paisible, calme et magnifique, avec un grand arbre. On a l’impression d’être à la campagne, alors qu’on est en plein cœur de la ville. Mon studio londonien est plus éloigné du centre, il est entouré de cours d’eau et d’un peu de verdure. Contrairement à mon studio d’Oslo, la vue depuis la fenêtre est celle du centre-ville de Londres vu de loin, ce qui est aussi super agréable.

Qu’aimerais-tu que les gens retirent de ton travail ? 

Actuellement, j’ai envie que toutes mes œuvres transmettent un message de compassion et de positivité. Nous avons vécu deux années vraiment difficiles, et je ne vois aucune raison de crier ou d’énerver les gens. En ce qui concerne mon art, je veux faire quelque chose qui reste ouvert et accessible. C’est ce qui est bien avec l’art : quand on regarde mes toiles, on sait que l’image est représentative de mon point de vue personnel. Elle ne montre pas nécessairement des faits et des statistiques, qui peuvent être assez écrasants. L’art n’est pas un espace dangereux. On ne s’y dispute pas. C’est juste une personne qui rencontre un objet, puis choisit de s’y intéresser ou de continuer son chemin.